Carole Melançon : renouer avec sa passion à la retraite

  • Publié le 09 sep 2024 (Mise à jour le 13 apr 2025)
  • Temps de lecture 4 minutes

Après 17 ans à gérer la résidence Campeau, où elle travaillait 50 heures par semaine, Carole Melançon a pris une retraite bien méritée. Elle se consacre depuis lors à sa passion pour l’art visuel, une vocation qu’elle n’avait pu pleinement explorer dans le tourbillon du quotidien comme travailleuse.
Si Carole Melançon a toujours eu une fibre créative, c’est en 2016 qu’elle a renoué avec l’art visuel alors qu’elle suivait des cours de pastel sec. Sa professeure, Émily Lachaine, se souvient : « Je ne la croyais pas quand elle disait qu’elle n’avait pas touché à l’art depuis si longtemps ! Elle avait une touche, un tracé, une façon bien à elle de représenter. »  Elle décrit le style de Carole Melançon comme nerveux, sensible, vibrant et dynamique : « Il y a une fébrilité dans son geste. »

Sophie Turcot, également artiste visuelle, a été immédiatement saisie par le travail de Carole Melançon : « Son dessin était à se jeter à terre. C’est extraordinaire, ce qu’elle fait.  Je n’avais pas le choix d’entrer en contact avec elle quand j’ai vu ce qu’elle faisait (…) Carole est facile d’approche, alors on est devenues amies rapidement. »

Toutes deux décrivent Carole Melançon comme une femme généreuse, humble et passionnée. Elles soulignent son engagement envers la communauté, notamment avec les réfugiés ukrainiens et dans divers événements culturels. « C’est une femme de personnes, une humaine avant tout, et je pense que l’art c’est un prétexte pour se rapprocher des gens », déclare Sophie Turcot. Elle mentionne également son cœur d’enfant : « Elle est toujours enthousiaste. C’est comme si elle avait reconnecté avec sa petite fille intérieure. Je pense juste à son sourire crasse quand elle nous parle d’un projet, les mains devant la bouche, toute énervée. Elle est passionnée raide. » Émily Lachaine partage ce sentiment, soulignant : « Elle a beau être à la retraite, elle a un cœur d’enfant. Elle reste jeune par son dynamisme. » Sophie Turcot ajoute : « J’ai l’impression qu’elle rattrape tout ce qu’elle n’a pas pu faire avant sa retraite. »

En seulement quelques années, Carole Melançon s’est taillé une place importante dans le milieu artistique de la région. « On la voit partout : aux Mains colorées, au Chapeau et lors des ateliers de modèles vivants », explique Émily Lachaine. « Elle est venue à tous les Open Mic, et cet été on a pu la voir partout avec le regroupement Artistes de chez nous », poursuit Sophie Turcot. Elle souligne que Carole est devenue un véritable pilier de la culture régionale : « Elle est comme un phare pour la culture. »

L’artiste créant en direct lors d’une soirée Open Mic.
Photo Open Mic : Les arts de la scène

Une passion qui date

« D’aussi loin que je me souvienne, je dessinais », raconte Carole Melançon. « Au terrain de jeu, je trouvais ça le fun parce qu’ils nous faisaient essayer toutes sortes de médiums que je ne connaissais pas. Chez nous, on avait seulement des crayons de cire et des crayons de bois. »

« Étudier en arts, ça ne cadrait pas avec les attentes de mes parents. J’ai commencé le cégep en sciences humaines, et après un an, je leur ai dit : “Si je ne m’en vais pas en arts, je lâche l’école”. Comme ce n’était pas une option chez moi, j’ai poursuivi en arts au cégep (…) La sculpture, la gravure, tout m’intéressait. Le cégep de Joliette était renommé pour son cours d’arts plastiques. C’est un milieu très créatif et c’était hyper stimulant. » Ensuite, elle a poursuivi sa passion à l’université : « J’ai fait un an sans prêts et bourses et sans aide parentale sauf pour la bouffe. » Elle a commencé à travailler comme préposée aux bénéficiaires afin d’alléger ses difficultés financières, et a finalement interrompu ses études artistiques afin de devenir infirmière. Malgré tout, Carole Melançon n’a jamais cessé d’explorer sa créativité et a pratiqué la couture, le vitrail, le tricot, et l’ébénisterie. « Je suis une touche à tout. J’ai même fabriqué la robe de mariée d’une amie ! »

La retraite pour vivre sa vie d’artiste

« Maintenant que j’ai du temps, je dis oui à tout ce qui me tente », explique Carole Melançon.

En 2019, quelque temps avant sa retraite, l’artiste a été approchée par l’organisation des Open Mic : Les arts de la scène, des soirées multidisciplinaires à micro ouvert, afin de créer des œuvres en direct. « J’ai accepté, même si à ce moment-là je faisais encore des semaines de 50 h. Le jour venu, je me suis dit : “Quelle maudite niaiserie ai-je acceptée là ?” Finalement, je me suis tellement amusée ! Ça a été hyper dynamique, et je suis sortie de là complètement énergisée. » Elle ajoute : « J’ai eu beaucoup de plaisir à créer de manière spontanée. Je n’avais rien préparé, j’ai été lâchée lousse. Je créais à partir de ce qui se passait sur la scène, que ce soit à partir des mots ou de ce que je ressentais. C’était vraiment selon l’inspiration du moment. »

L’emblématique cathédrale de Mont-Laurier. Œuvre Carole Melançon

Ça a été la piqûre pour Carole Melançon, qui a depuis participé à la majorité des soirées Open Mic. Sa participation fut appréciée et remarquée à un point tel qu’en 2023, le cabaret Le Chapeau a offert d’exposer ses œuvres. « J’ai été surprise qu’on me demande de faire ça ! » Alors à la retraite, Carole Melançon a accepté le défi et s’est mise à créer un corpus spécifiquement pour l’exposition : « Je me suis enlignée sur un thème, chose que je ne fais pas habituellement parce que je suis éparpillée dans ma création. »  Si elle a suivi un filon créatif pour son exposition, sa démarche est avant tout ancrée dans le plaisir : « [L’intellectualisation de l’art], ça ne m’intéresse pas. J’ai donné dans le blabla, et ça ne me tente tout simplement pas. Je ne fais ça que pour le plaisir. Je dis toujours que ma démarche, c’est : pas de démarche. » À l’image du portrait que dépeignent Sophie Turcot et Émily Lachaine, Carole Melançon a d’ailleurs remis tous les profits du vernissage au Centre de pédiatrie sociale.

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